Douze
8 mars 2024(Herik Hanna / Hervé Boivin / Gaëtan Georges / Editions Delcourt)
Les invitations, c’est parfois très trompeur. 5 le sait bien. À bord de sa coccinelle jaune qui ne paie pas de mine, le voilà embarqué sur les routes enneigées qui mène à un complexe alpin. De quoi ne pas se sentir à l’aise quand un richard à la grosse caisse vous fait une queue de poisson et que vous avez à bord un gros sac rempli de billets de 500€. 5, parce que là-bas, on ne se présente pas. Quand on est invité au dîner de l’Hydre, même si on est bien connu, le principe c’est de rester discret. Et le complexe va d’ailleurs être vidé de toutes personnes qui ne fait partie intime soit des douze invités, soit de la garde rapprochée de l’Hydre. Ensuite, eh bien, il va falloir que les invités fassent connaissance, à moins de déjà se connaître et d’avoir quelques affaires à régler.
Douze est … une BD à twist. Là, je vous avais prévenu. Cet album (aimablement offert par Claire “fillefan2bd”) m’a véritablement intrigué. Intrigué parce qu’au cours de la lecture, je me suis dit que ça allait être un début de série. Soupir. Et puis, d’un coup, ça s’emballe et ça ne s’arrêtera pas avant la dernière page de l’album qui va vous arriver en pleine face (faut dire que vous alliez vite, là, fallait penser à freiner avant). Et avec un pitch comme ça, présentation qui prend son temps et conclusion qui arrive soudainement, c’est typiquement le genre d’histoire frustrante où on se dit que le scénariste avait une petite idée et qu’il a bien comblé son introduction pour remplir les pages réglementaires d’un album (72 pages, tout de même).
Sauf que non. Là, ça marche. Si Herik Hanna fait durer le plaisir, c’est justement parce qu’après il n’aura pas le temps de présenter ses personnages qu’il va lâcher et que si on avait envie de se reconnaître dans l’un ou l’une d’eux, eh bien, c’était au départ du bouquin. Et si le scénario nous permet de bien nous souvenir qui est qui, par le biais de certains dialogues, les dessins d’Hervé Boivin sont évidemment aussi de la partie et réussissent à camper des personnages bien différents (même si leurs sourcils sont souvent identiques). Il n’en reste pas moins que dès leur présentation, on comprendra rapidement le caractère de chacun. On est parfois dans le stéréotype, certes, mais c’est pour mieux se faire plaisir par la suite. Les planches sont détaillées entre les extérieurs montagnards et les intérieurs boisés du complexe, il y a de quoi dessiner. Seules les scènes de garage souterrain paraitront vides mais c’est fort logique. À noter les couleurs de Gaëtan Georges qui donne une belle ambiance et retranscrivent parfaitement l’ambiance du moment.
Alors Douze est-il un album pour tous ? Que nenni. Il est à ranger dans le rayon polar hard-boiled avec des scènes assez violentes. Mais si vous aimez les séries B décomplexées avec la petite conclusion qui va bien, c’est un album parfait.
La bande annonce (qui en dit peut-être déjà trop): https://invidious.flokinet.to/watch?v=J-mzNBtKCCY