Deep Me / Deep It

8 mars 2024 Non Par sgtpepere

(Marc Antoine Mathieu / Éditions Delcourt)

C’est le noir absolu autour de vous. Un monologue intérieur vous envahit alors que vous vous demandez où vous êtes, ce que vous faites là et comment vous en êtes arrivé là. Et puis il vous semble voir des choses, mais tout est encore très flou.
Des sons ? Est-ce que ce sont des phrases ? Quelqu’un est là à côté de vous ? Plusieurs voix. Ils cherchent quelque chose, menacent de vous débrancher ? Un hôpital peut-être ? Mais les odeurs ne collent pas. Alors que faire ? Surtout que les questions deviennent insistantes. Faut-il dévoiler tout ce que vous savez ou bien garder votre secret et l’emmener dans votre tombe ?

C’est ce que le personnage principal (à défaut de l’appeler héros) de Deep Me va se poser comme question. Et tout cela, dans le noir le plus complet pendant plus de la moitié de l’épais album. Alors oui, Deep Me est un album à twist qui ne sera pas révélé ici (oui, je l’ai déjà écrit lors de la précédente chronique sur Mr Crook et je l’écrirai probablement pour la prochaine). Un twist plutôt bien trouvé et qui donne tout son sens à l’épreuve que Marc-Antoine Mathieu va faire vivre à son lecteur. Car oui, Deep Me
est une lecture qui sort du lot et qui demande un effort. Car si ce noir va sensiblement varier, va permettre de jouer sur les phylactères, sur la nature même d’une phrase (qui est un message codé en quelque sorte), on va être dans du texte non illustré pendant un bon moment. De quoi causer une belle frustration avec des informations distillées au compte-gouttes. Est-ce que la conclusion en vaut la chandelle ? J’ai tendance à penser que oui mais étant plutôt fan de ce que fait l’auteur, mon avis est biaisé.

Si vous aimez gamberger, Deep Me est fait pour vous. Sinon, passez votre chemin et allez plutôt relire les excellents Julius Corentin Acquefacques du même auteur. Quant à Deep It, c’est une suite, oui. Pas que Deep Me en ait réellement eu besoin, d’ailleurs. C’est plutôt comme la suite d’une réflexion. Et comme le twist était là lors du précédent album, il n’y en a pas vraiment ici ou alors je ne l’ai pas trouvé. Peut-être est-il moins évident mais là, cela demandera une relecture. Toujours est-il que cette fois-ci, Mathieu ne nous la refait pas dans l’autre sens: l’album est illustré de bout en bout, avec certes une fermeture de parenthèse en fin d’album mais pas la même monochromie à laquelle il nous avait habitué en début d’aventure.

Polar ou récit existentiel ? Science-fiction, fantastique ou anticipation scientifique ? Je suis à peu près sûr d’être passé à côté de plein de choses, de concepts, d’idées dans ce diptyque. La question étant de savoir si les relectures pourraient me permettre d’accéder à tout cela.