Batman: Tout n’est que mensonge et Dune: Secrets Enfouis (Portal Games / Iello)

26 février 2024 Non Par sgtpepere

Batman: Tout n’est que mensonge est un jeu créé par Ignacy Trzewiczek et Weronika Spyra, illustré par Maciej Seminski et Hanna Kuk. Sortie en VF chez Iello avec le concours de MeepleRules.fr pour la traduction (j’imagine de tout et pas seulement des règles).

Chaque chapitre m’a pris à peu près 1 heure à jouer.

Detective est un jeu d’enquêtes qui nous mettait dans la peau de flics des années 2000 avec tout le système d’enquête, de carte mentale, de prises d’indices et qui nous faisait vivre une aventure à la 24h Chrono sur 5 chapitres palpitants. C’est bien simple, je le considère comme LE jeu d’enquête par excellence.

Comme tout succès, il donnera lieu à moult déclinaisons plus ou moins heureuses. (Petty Officers a son petit twist à lui qui le rend très sympathique, L.A. Confidential est sympatoche avec une superbe ambiance années 80 mais on perd en interaction avec l’ordi, et je ne me souviens plus de Dig Deeper sinon qu’il a le bon goût d’être un jeu indépendant dans une toute petite boite.

La particularité de Batman: TNQM, c’est qu’il ne se joue normalement pas en solo (contrairement aux autres jeux). Il y a 4 rôles et chaque joueureuse doit en prendre un. De quoi avoir un objectif personnel (qui s’est souvent recoupé avec l’objectif principal en ce qui me concerne) et des cartes que seul vous pouvez lire. Mais comme nous sommes dans un jeu coopératif, ce principe m’a paru très étrange.

Au final, cette séparation des rôles est une réelle mauvaise idée à moins de vouloir rejouer au jeu dans quelques années avec des personnages différents. Ici, j’ai joué avec Harvey Bullock et Vicky Vale alors que j’aurais clairement dû prendre également Catwoman et Warren Spacey, ce qui n’aurait pas changé grand chose … à moins que j’ai réussi à résoudre les enquêtes.

Car oui, je me suis fait rouler dessus depuis le Prologue jusqu’au troisième et dernier chapitre.

Si la qualité de l’écriture est toujours aussi immersive (merci aux traducteurices – je n’ai repéré qu’un passé composé loupé), la qualité des intrigues et surtout des pistes m’a laissé sur ma faim. Sur le dernier chapitre, je n’ai même pas compris comment j’étais censé trouver ce qui s’était passé. Le fait de jouer 2 personnages a certainement rendu le truc beaucoup plus difficile. Il m’aurait fallu toutes les infos. Vous voilà donc prévenus: en solo ou bien en multi, prenez les 4 personnages.

Batman: TNQM se distingue donc par une ambiance comics. Si l’histoire ne peut pas se passer dans un contexte réaliste, le fait de faire passer ces événements à Gotham est plutôt réussi. On a son lot de clin d’oeils et d’easter eggs dans les textes, même si les habitués de l’univers n’auront pas besoin qu’on leur mette des coups de coude dans les côtes aussi prononcés. Certaines révélations seront évidentes mais pensons aussi à tous les joueureuses qui ne connaissent pas l’univers.

Avec un tel univers, on pourrait penser qu’on aurait l’occasion de titiller l’ordi de la Batcave avec une belle interface et plein d’interactions avec comparaison de preuves et autres (un peu comme dans le premier jeu de la série). Eh bien que nenni ! Certes, on ne peut pas jouer Batman qui sera là en toile de fond. Mais on pourra tout de même faire appel à ses services ou à ceux d’Alfred en allant visiter la Batcave avec Catwoman. Cependant comme l’interaction avec le site Internet (obligatoire pour jouer et obtenir la conclusion) est nulle, c’est très décevant. Là où dans Detective, on avait des photos, des empreintes, plein de trucs à analyser, dans Batman: TNQM, on n’a droit qu’à des pistes supplémentaires, des documents textuels, bref, des informations qui auraient pu être disponibles par le biais de cartes supplémentaires.

En parlant de matériel, il y a 2 paquets de cartes supplémentaires avec des scènes de BD et des cartes “objectifs personnels”. Les premières sont tout bonnement inutiles. Il y a peu d’informations capitales pour la résolution de l’intrigue et le texte est répété sur les cartes pistes. Donc mis à part pour l’immersion, ça ne fonctionne pas. (Et ça n’a pas fonctionné plus pour l’immersion non plus …)
Le deuxième paquet ne m’a pas paru être des objectifs supplémentaires ni même des infos correspondant à ce que chaque personnage cherchait. Et on en revient au fait qu’étant un jeu coop, on va partager les infos. Tout juste cette info coûte-t-elle un jeton ressource de plus. Comme on en gagne un à chaque carte lue, c’est assez vite réfléchi.

Il n’y aura qu’un type de jetons indice qui servira à à peu très tout dans le jeu. Un système de coût pour visiter les lieux rend le truc inutilement lourd (grosso modo, il faut dépenser 2 jetons pour visiter un lieu et 3 qui on y revient plus tard) et les 4 personnages n’ont finalement pas de capacité propre.

On finira avec la carte de Gotham City qui m’a paru tout bonnement inutile dans toute cette intrigue. Je me demande encore à quel niveau il fallait l’utiliser.

Bref, Batman: Tout n’est que mensonge aurait tout à fait pu se faire dans un format à la Cartaventura mais là, avec ce système qui avait proposé un jeu mythique, c’est juste loupé. On verra avec la version Dune si Portal Games renverse la vapeur.


Edit: j’ai joué à Dune: Secrets Enfouis (Ignacy Trzewiczek, Przemyslaw Rymer, Weronika Spyra et Jakub Poczety)

et j’y ai retrouvé les mêmes défauts que l’opus Batman et aussi les mêmes qualités.
On va partir sur ce qui est est bien: l’ambiance. J’ai trouvé qu’elle était bien retranscrite mais je connaissais déjà l’univers de Dune donc je n’ai pas eu de mal à m’y projeter. Les cartes (géographiques) et les cartes “soutien” apportent elles aussi un habillage qui va mettre dans l’ambiance. Tout comme les passages “histoires” qui seront disponibles via le site Internet.

Le souci, c’est que justement, ce site Internet n’apporte que des points graphiques d’immersion. Pour le reste, ce sont des vidéos parfois bien inutiles car regarder pour la 5ème une bobine projetée au mur pour finalement n’avoir qu’un texte, c’est lourd. Au final, j’ai zappé tout ce qui est vidéo en choisissant le lien “transcription de la vidéo”. Ça permet d’avoir les infos (quelques lignes de texte) beaucoup plus rapidement. Ce qui fait que ce sont des infos qui auraient pu être disponibles sur des cartes.
Et comme la majorité des cartes “soutien” ne contiennent qu’une image sans info, le calcul est vite fait. On a plein de matos qui ne sert à rien et un site qui n’a rien d’interactif.

J’ai trouvé que les questions étaient assez maigres et ne permettaient pas une analyse fine des événements. Certaines portent sur des détails qui ne sont vraiment pas mis en avant dans le jeu ou qui relèvent du détail quand vous les croisez au cours de l’aventure. Ainsi comment démêler ce qui est utile de ce qui ne l’est pas, c’est une bonne question. Mais ça, ça peut faire partie de la difficulté du jeu et de sa mécanique intrinsèque.

Pourtant en ouvrant la boîte, ça donnait envie: plein de jetons, des autocollants de compétence (vous ne vous en servirez pas), une piste conséquence (que j’ai mal utilisée car j’ai trop vite lu la règle – espèce de boulet !) qui finalement ne change rien car elle est trop peu utilisée et les événements ne vous donnent pas l’occasion d’avoir des conséquences qui vont dans votre sens. Il ne reste que le dernier chapitre qui l’utilise correctement.

Bref, il y avait pas mal de choses à faire mais Dune: Secrets Enfouis passe à côté d’une interface qui aurait pu apporter autant de tension que le Detective originel. Mais en allant trop vite (3 chapitres qui m’ont paru très court, faits en moins d’une heure chacun) et en n’utilisant pas l’ordinateur de façon maline, le jeu se plante. Sauf si on veut lire une histoire qui se déroule entre la chute de la maison Atréides et l’avènement de Paul Muad’Dib. Dans ce cas, ça fait parfaitement ce qu’on lui demande.

À noter, cette fois-ci, que concrètement à l’opus Batman, les personnages n’ont pas accès à des informations propres. Comme dans les autres Detective, on peut parfaitement y jouer en solo avec les personnages qui sont des renforts.