Le temps des mitaines : Le mystère de la chambre morne
16 février 2021Auteur : Loïc Clément
Illustratrice : Anne Montel
Editeur : Little Urban
Cinq étudiants sont collés. Il y a Prosper, un petit rat qui se fait souvent maltraité ; Caius, un gros chat qui est le mauvais élève bagarreur de l’école ; Céleste, une oursonne qui cherche à toujours bien faire et avoir le plus d’harmonie autour d’elle, même si ça ne fonctionne pas toujours ; Angus, un renard plongé dans les maths et pas autre chose et finalement, Nocte, une chauve-souris venue d’un peuple tenant plus de la secte que d’autre chose et qui attire forcément l’attention.
Alors que les cinq finissent par être plus perturbateurs que ce qu’ils sont censés être, un phénomène étrange se produit. Le temps se fige et ils ne peuvent plus sortir de la pièce où ils se trouvent. Une espèce de barrière quantique s’est créée. Le souci : c’est qu’elle semble bien gagner du terrain et que l’espace vital des ados devient de plus en plus réduit. Comment faire pour s’en sortir ?
Le temps des mitaines est une série de bandes dessinées publiée chez Dargaud. On y rencontre des animaux anthropomorphes qui sont tous dotés d’un pouvoir surnaturel. Et puis les auteurs ont ensuite signé les albums « premières lectures » du professeur Goupil, chez Little Urban (division jeunesse possédée par Dargaud). Ce n’était donc qu’une question de temps avant que l’éditeur ne franchisse la barre du roman jeunesse classique.
On retrouve donc Loïc Clément à l’écriture et Anne Montel aux illustrations (en noir & blanc cette fois-ci et de manière logiquement moins présente que dans une bande dessinée ou un album première lecture). Cette fois-ci, les créateurs du Temps des Mitaines transportent leur histoire 30 ans avant la série de bandes dessinées. Et ce sont donc les jeunes versions des adultes que nous croisons dans ce roman.
On y retrouve la galerie de personnages classique d’un roman jeunesse : l’intello, la mystérieuse, la gentille, le nigaud et la brute. Loïc Clément fait enfermer tout ce beau monde dans un huis-clos bien fichu où on ne voit pas le temps passer. Chaque personnage fera tout son possible pour apporter sa pierre à l’édifice et cela en n’utilisant que très parcimonieusement les pouvoirs inhérents de chacun (d’autant que certains pouvoirs ne sont pas toujours très utiles). Il y a donc une belle tension même si le lecteur adulte se doute bien, même sans avoir lu la bande dessinée, que l’issue des événements sera heureuse.
Si le bouquin se veut jeunesse et que la mise en page aérée fait tout pour ne pas rebuter le lecteur qui a entre les mains un joli roman cartonné noir à la dorure sélective sur la couverture, je ne vous cache pas que j’ai été assez surpris par le choix du vocabulaire. Je me dis que les enfants de maintenant risquent de ne pas tout comprendre à ce qui est écrit ici. Mais je ne trouve pas que ce soit un inconvénient, au contraire, c’est un livre écrit avec un joli répertoire de mots qui devient ainsi très agréable à lire.
L’auteur offre donc un joli bouquin sur l’amitié et aborde les thèmes forcément difficiles que sont la solitude et l’abandon des enfants par les adultes, qu’il s’agisse d’abandon pur ou bien de maltraitance.
Au joli texte se marient des illustrations très fines d’Anne Montel. J’ai trouvé que les illustrations étaient peu présentes ce qui destine une fois plus l’ouvrage à des lecteurs plus âgés et mais assez représentatives des moments marquants de l’histoire. De mon côté, j’avoue les avoir passées un peu rapidement lors de ma lecture. Je n’y suis revenu qu’après avoir terminé le livre.
En bonus, une interview des créateurs par un des personnages et un test de personnalité à la sauce Temps des Mitaines.
Une fois de plus, voilà un très joli livre aussi bien dans la forme que dans le fond que les adultes apprécieront pour la qualité de son langage et les enfants pour le petit mystère de cette chambre morne. Vivement conseillé !