Une affaire d’honneur (2023)
7 janvier 2024Réalisation : Vincent Perez
Scénario: Vincent Perez et Karine Silla
Avec (entre autres): Roschdy Zem, Doria Tillier, Guillaume Gallienne, Damien Bonnard et Vincent Pérez
Durée: 1h41
Le jeune Adrien Lacaze voit sa petite amie accompagner le colonel Louis Berchère. Le sang du jeune homme ne fait qu’un tour, il balance une baffe au colonel qui demande réparation. Et malgré l’interdiction des duels par la Loi, ceux-ci ont court avec un code, un tribunal et toute une bande de témoins. Sauf que le colonel, barbare ayant eu sa place dans la guerre qui vient de se terminer, va transformer le duel en boucherie et le jeune homme en cadavre.
Sauf que le jeune homme a été entraîné par son oncle, Clément Lacaze, maître d’armes émérite. Ce qui va déclencher toute une série d’événements et impliquer Marie-Rose Astié de Valsayre, défenseuse de la cause féminine dans un temps qui n’est pas prêt pour le modernisme.
Je n’avais aucune envie d’aller voir Une affaire d’honneur mais j’ai gentiment accompagné ma femme qui apprécie beaucoup Vincent Pérez. Et la vérité, c’est que je n’ai pas été déçu. Pourtant, dès le départ, le présentation du film comme film historique, le format de l’image qui ne prend pas la totalité de l’écran (je n’arrive pas à trouver le format de l’image, damned), bref, je m’apprêtais à voir un film français qui m’aurait ennuyé.
Sauf que non …
Parce que Vincent Pérez (avec Sylvie Lager) a tout d’abord un sens du montage plutôt bien senti. C’est nerveux, jamais planplan et donc l’attention du spectateur est maintenue en éveil. Ensuite, parce que le scénario d’Une affaire d’honneur reste assez linéaire et qu’on passe de duel en duel jusqu’à la fin du film. Alors il faut bien donner un peu de chair aux personnages ainsi qu’au cadre de l’époque (la fin du XIXe siècle avec des bonhommes qui se sentent les rois du monde) et c’est dans ces moments-là que le film est un poil plus calme. Le temps pour le réalisateur de s’attarder sur la véritable question du film à propos de l’honneur et de fait que celui-ci nous honore et nous entrave à la fois. Le moment aussi pour
laisser un peu de place au féminisme et à une Doria Tillier excellente et filmée avec délicatesse (là où un autre réalisateur en aurait profité pour déshabiller son actrice). Les autres actrices et acteurs sont au diapason et si on peut parfois se surprendre à trouver un poil de surjeu, on réalise aussi qu’à l’époque, c’était probablement aussi la façon dont les gens “d’honneur” devaient se comporter.
Et si le film est présenté comme historique, car fidèle à certains côtés de l’histoire et reprenant des personnages ayant existé, je le classerais tout autant dans la catégorie drame et action. Car qui dit duel, dit (parfois) mort et qui duel dit baston à l’épée, au sabre et au pistolet. Et même dans ce dernier cas, la scène va prendre une tournure inattendue et pleine de tension avec un Roschdy Zem dont le personnage est magistral dans tous les sens du terme (on dirait quasi un héros de shônen qui aurait terminé sa formation).
Un léger bémol concernant la musique du film surtout les moments où Astié joue du piano. Je trouve que ça alourdit un poil le moment mais je ne suis clairement pas le client de ce genre de poésie.
Donc Une affaire d’honneur est une excellente surprise qui a le bon goût de ne pas durer une éternité, qui est bien filmé et bien joué avec ce qu’il faut de message toujours d’actualité.