Pourquoi ai-je tous ces jeux dans ma ludothèque ? (2)

21 février 2025 Non Par sgtpepere

Deuxième partie consacrée aux jeux auxquels je joue en famille.

Les jeux de plateau:

Carcassonne: c’est devenu le classique du jeu de société moderne (avec les 2 autres ci-dessous). D’ailleurs, on peut maintenant les trouver en grandes surfaces. Jeu de tuile et de pose de meeples (le nom des pions bonshommes, contraction de “my people”), Carcassonne va permettre de construire un superbe paysage fait de cités, de routes et de champs. Chaque construction va vous permettre de marquer des points et il y a moyen de profiter du travail d’un adversaire en étant suffisamment sournois. Ça se joue en 45 minutes, il y a du blocage, de la fripouillerie, diverses variantes et encore plus d’extensions pour pouvoir y jouer à la sauce que l’on souhaite. De mon côté, j’ai une préférence pour les deux premières extensions qui apportent des modules vraiment sympas (le gros meeple compte double et l’architecte). On oubliera la version dé pas folle folle.

Catane: deuxième grand classique et plus vieux que Carcassonne. Catane, c’est de la gestion de ressources et de construction de routes et de villages. Ça semble très simple dit comme ça mais le terrain peut devenir rapidement trop étroit. On peut s’échanger ses ressources entre joueurs mais attention à ne pas trop favoriser une des personnes à table. Il ne faut pas non plus être trop gourmand de peur de se faire sanctionner. Du hasard, de l’interaction (parfois méchante) pour un jeu qui dure un peu trop longtemps à mon goût pour ce qu’il a à proposer. Je n’ai encore pas trouvé d’équivalent par rapport à cette mécanique d’échange qui mêle coopération et compétition. Là encore, palanquée d’extensions mais j’avoue de jamais les avoir utilisées (mise à part celle pour 5-6 joueurs).

Attention, la version à 2 n’a pas grand chose à voir et on oubliera la version dé très rapidement parce qu’elle n’est vraiment pas terrible.

Ticket to Ride / Les Aventuriers du Rail: On construit des chemins de fer, soit en prenant des cartes wagons soit en dépensant ses cartes pour poser de petits wagons en plastique sur la carte. De quoi marquer des points mais aussi remplir des objectifs secrets qui vous feront perdre des points s’ils ne sont pas remplis avant la fin de la partie. La version Amérique est chez mes parents, la version Europe à la maison. La version Europe apporte une légère mécanique supplémentaire comme toutes les extensions qui ont chacune leur particularité. Ne les ayant pas essayé, je ne suis pas de bon conseil.
A priori la version Legacy (avec des scénarios évolutifs) n’est pas forcément très bonne. Autant se concentrer sur la version classique (Amérique ou Europe donc) puis éventuellement aller quérir des extensions suivant le pays qui vous intéresse.

Alhambra: il est vieux, il est moche (enfin pour un public standard, moi, ça ne me dérange pas) mais c’est un chouette jeu de tuiles dont la gestion des couleurs est perfectible (vous comprendrez en y jouant). On cherche à construire son alhambra en achetant des tuiles et en construisant sa cité. À son tour, soit on pioche des billets, soit on achète une tuile. Si jamais on réussit à payer le montant pile, on a droit à un nouveau tour.

À 3 moments de la partie, il s’agira de marquer des points en regardant qui a la majorité de bâtiments suivant leur couleur. Il y aura aussi moyen de marquer des points en fonction de la muraille autour de son alhambra. Un jeu qui mêle un peu de stratégie (faut il se battre ou non pour cette tuile ?) mais aussi beaucoup de hasard (les billets et les tuiles peuvent bien tomber … ou pas). Pas un indispensable mais il est accessible et apporte un niveau de difficulté un peu plus élevé par rapport à un Carcassonne. Comme les alhambras sont séparées, on se gêne mais avec une interaction plus indirecte.

Art Society: un des achats les plus récents et qui a convaincu dans la famille. Du placement de tuiles assez classique avec des contraintes de pose pas trop enquiquinantes mais qui demande un poil de réflexion et puis surtout cette phase de mise pour avoir LA tuile qui nous intéresse.
En plus, les tableaux sont des pastiches d’œuvres existantes et il ne manque qu’un index dans les règles pour que ce soit parfait. Pas un indispensable mais comme il fait le job, je le garde.


Azul: là encore, un classique de la pose de tuiles qui est à deux doigts de rejoindre le trio de tête. Déjà il est superbe à regarder, les tuiles en résine sont super agréables à manipuler et en plus il est malin dans sa phase de sélection de tuiles et de la potentielle catastrophe à venir si on laisse s’accumuler trop de tuiles de la même couleur.
Le jeu a connu 4 itérations, dont je n’aime que le 1 et le 3 (Pavillon d’été) si mes souvenirs sont bons. Aucune envie de jouer à la version Duo qui vient de sortir. J’ai cependant revendu ma version classique d’Azul pour la version chocolat qui n’apporte qu’un relooking et une toute petite variante au niveau des assiettes (là, où on choisit les tuiles). Bien sûr, depuis, il n’est pas ressorti … Le Azul classique (faïence ou chocolat) fait pourtant partie de mes indispensables dans la catégorie pose de tuiles.


Between Two Castles of Mad King Ludwig
: derrière ce nom à rallonge, le mélange de 2 jeux de société: Between Two Cities et Castles of Mad King Ludwig. C’est surtout à cause de ce deuxième jeu (que je possède aussi mais auquel je ne joue pas en famille) que j’ai tenté cette belle expérience qui peut se jouer jusqu’à 7.
Le but est de créer non pas 1 château mais 2 avec vos 2 voisins. Vous marquerez les points du château qui en rapporte le moins. On est donc dans du compétitif avec une phase de coopération qui fait tout le sel du jeu. On sélectionne les tuiles et ensuite, on se met d’accord avec ses voisins. C’est clairement cette phase qui fait tout l’intérêt de ce chouette jeu. J’ai acheté l’extension qui propose un mode solo avec Automa intéressant mais je n’ai pas encore pu jouer avec le reste des modules, faute de joueurs habitués au jeu (il faut souvent le représenter et donc partir avec la version de base).

Ah ben, y a pas de vidéorègle propre. Ça pourrait être un truc à faire …


CuBirds: jeu de collection et de défausse, il se joue jusqu’à 5 et va faire couiner dans les chaumières. On collectionne les oiseaux en créant des espèces de parenthèses (des oiseaux identiques) et on récupère toutes les cartes qui sont au centre. Ensuite, on peut créer une envolée d’oiseaux. Et dès qu’on n’a plus de cartes en main, la manche se termine et tous les autres doivent se défausser de leur jeu si durement construit. C’est là que ça fait couiner et c’est quand même bien marrant. 🙂 Je l’ai sorti au Noël 2023 et depuis il sort régulièrement en famille. Facile à expliquer, rapide à jouer avec ce qu’il faut de tension et de (gentille) méchanceté.

L’île des chats: Je suis fan de jeux de polyominos (on y reviendra quand je parlerai de mes jeux préférés). J’ai longtemps acheté et revendu des jeux jusqu’à me dire qu’il fallait limiter le nombre de boîtes faisant la même chose. The Isle of Cats arrive avec un argument incomparable: 2 modes de jeu. Et c’est ainsi qu’en famille, je joue avec la version ‘simple’ de pose de tuiles mais que je peux aussi jouer en version plus avancée avec les cartes, les poissons, les paniers, l’initiative, les objectifs privés. Bref, quelque chose de trop avancé pour la famille.
Il n’empêche qu’il sort le plus souvent en mode famille. Pour les extensions, les Packs Kickstarter n’apportent pas grand chose si ce ne sont des meeples un peu plus gros. Par contre, nous jouons avec les bateaux asymétriques et avec l’extension Bêtes et chatons.
La version jeu à cocher n’est pas folle folle en solo et je ne l’ai pas essayée en multi, elle me semble trop punitive (très peu d’actions) et probablement destiné à un public initié.


Boomerang: Australia: en matière de flip’n’write (on retourne des cartes et on coche sur une feuille les éléments correspondants), Boomerang fait bien l’affaire et surtout à 4. À 2 ou 3, il n’est pas désagréable mais le fait que toutes les cartes sortent à 4 joueureuses fait qu’on peut plus gérer son affaire en regardant ce qu’ont joué les adversaires.
À mon humble avis, on n’est pas dans la rolls de ce type de jeu (cf plus tard) mais il est archi efficace dans un temps de jeu resserré. Apparemment, la version Europe n’apporte pas grand chose de différent et c’est bien dommage que les opus n’apportent pas de grands changements.


Medieval Academy: Le jeu a connu une refonte graphique récemment qui ne m’a pas convaincu (le nouveau plateau prend 1000 fois plus de place que les grandes tuiles de la première version). Cependant, il s’agit d’une très bonne initiation au draft (on sélectionne une carte dans une main et on passe les cartes restantes à son voisin·e). C’est de la course au point de victoire en choisissant d’avancer sur différentes pistes (plus politiquement correctes dans la nouvelle version) représentant la vie d’un chevalier.
C’est dynamique, accessible, il y a de jolis retournements de situations, un poil de hasard, un jeu malheureusement sous-estimé. (Il y a une bonne vidéo d’Un monde de jeux sur Medieval Academy – mais elle dure 50 min avec une partie complète à 3 joueurs.)

Potion Explosion: on va jouer aux billes ! En réalité, les billes sont des ingrédients qui vont vous permettre de créer des potions rapportant des points mais ayant aussi un petit effet pour les prochains tours. Afin de récupérer les billes, une mécanique astucieuse de billes de la même couleur s’entrechoquant peut vous permettre d’en récupérer beaucoup beaucoup beaucoup.
De la variabilité dans les parties (on ne joue pas toujours avec les mêmes potions), de la malice dans la prise de bille (avec bien entendu du hasard mais aussi un peu de contrôle grâce aux potions et au coup de pouce du professeur). Il marche bien mais je le déconseille à 6 (surtout quand une joueuse vous demande de réexpliquer les règles à chaque coup – je suis patient mais là, j’avais envie de la bouffer). Bref une expérience ludique unique qui mérite le coup d’oeil. Indispensable, peut-être pas mais il peut clairement le devenir dans certaines familles.
Les extensions permettent d’augmenter le nombre de joueurs et apportent de nouveaux ingrédients ayant chacun leur spécificité. Si vous n’êtes que 4, le jeu de base est très bien comme ça.


Les charlatans de Belcastel: on joue à nouveau les apprenti·e·s sorcier·e·s dans un jeu de stop ou encore. On pioche des ingrédients dans son sac qu’on pose dans son chaudron. Plus on avance plus on marquera de points et plus on aura “d’argent” pour acquérir de nouveaux ingrédients plus puissants ou aux facultés plus intéressantes. Malheureusement dans le sac, il y a aussi des ingrédients instables qui peuvent faire exploser le chaudron. Il faudra donc savoir quand s’arrêter et quand tenter le diable.
C’est le jeu que mon père déteste car il a une déveine assez incroyable à ce jeu. C’est drôle pour les voisin·e·s mais pas pour cellui qui explose à chaque tour, ce qui se révèle un vrai handicap sur la partie.
Pas essayé les extensions (déjà que les versions alternatives des différents ingrédients de la boîte de base n’ont pas été essayées non plus). Ma mère gagne souvent à ce jeu, on garde. 🙂


Quadropolis: un jeu encore sous-estimé à mon humble avis, peut-être trop brainy pour être familial ? On construit un quartier avec différents bâtiments rapportant plus ou moins de points. Il faudra gérer le positionnement des bâtiments, la population, la pollution et se débrouiller avec les tuiles accessibles à nos architectes. On peut coincer les autres, on peut être obligé de faire avec des tuiles qui ne nous conviennent pas.
Je trouve le système de contrainte extrêmement malin, il y a une version avancée aussi très chouette. Bref, un jeu qui devrait être un classique mais qui ne l’est malheureusement pas. Comme souvent avec l’éditeur Days of Wonder, la qualité du matériel est vraiment chouette.


Qwixx: en termes de jeu à cocher, il y a plus que l’embarras du choix et chacun·e aura son chouchou. Pour moi, c’est Qwixx parce qu’il apporte des choix cornéliens, parce qu’il est archi fluide, parce que tout le monde est impliqué à chaque tour et parce qu’il est très accessible. En plus il est portable avec quelques crayons de papier chipés chez Ikea. ^^’ Un indispensable selon moi.

Augustus: un jeu de loto/bingo, ça ne fait pas rêver et pourtant Augustus apporte ce qu’il faut pour rendre le truc vivant et compétitif. Des légions à placer sur des terrains ou chez des sénateurs pour faire des points et courir des objectifs communs. Certaines cartes vous permettront de faire plus de point, de moins subir la pioche, voire de vous aider à remplir d’autres objectifs. Là encore, tout le monde est actif autour de la table. J’y jouais avec mes grands-parents, c’est tout dire.
Le jeu a été rethématisé sous le nom de Via Magica et clairement aseptisé (non seulement par son thème mais aussi par ses mécaniques moins riches en pouvoirs).


Sushi Go Party !: un autre jeu de draft (comme Boomerang ou Medieval Academy) mais nous sommes dans un restau japonais où les plats défilent sur un tapis roulant. La mécanique du draft prend donc tout sons sens. Sushi Go Party est la version survitaminée de Sushi Go avec plus de plats différents et donc une plus grande modularité. Il existe une version jeu de dés qui est aussi sympathique mais plus experte. Un jeu mignon, rapide et accessible.

Tokaido Collector’s Edition: Tokaïdo, c’est un faux jeu zen de collection où chaque arrêt vous fera gagner des points mais comme il n’y a pas de place pour tout le monde, il vous faudra bien choisir les espaces à visiter, quitte à vraiment enquiquiner vos adversaires. Avec des joueureuses trop gentil·lle·s, le jeu sera paisible mais ne conviendra pas à tout le monde et donnera une grande part au hasard. Si tout le monde a les crocs, ça peut devenir un jeu plus tactique mais aussi plus long. J’ai fait partie des gens qui se demandaient s’ils allaient un jour recevoir leur version du jeu lors du financement Kickstarter et si le résultat est loin d’être parfait, Funforge a tout de même été au bout du projet.
Les extensions sont chouettes et n’apportent pas beaucoup plus de complexité.
En tout état de cause, si le jeu n’était pas en version Deluxe, je pense qu’il aurait quitté ma ludothèque depuis longtemps mais cette version gigantesque avec figurines peintes fait que la présence sur table est toujours agréable.