Hunter x Hunter (2011-2014)

24 septembre 2024 Non Par sgtpepere

Anime produit par Madhouse en 6 saisons
Réalisation: Hiroshi Koujina
Design des personnages: Takahiro Yoshimatsu
Disponible au moment où sont écrites ces lignes sur Netflix et ADN

Gon Freecs est un jeune garçon habitant sur une petite île avec sa tante et sa grand-mère. Son père est un Hunter, une espèce d’aventurier parcourant le vaste monde. Et Gon aimerait bien faire tout comme son papa. Il quitte donc l’île pour se présenter à l’examen des Hunters. Un examen annuel où des centaines de personnes se présentent mais d’où seule une dizaine de candidats en ressortent … vivant … au mieux.

Gon y fera la connaissance de ses futurs amis: Kirua, fils d’une famille d’assassins dont il aimerait se dédouaner; Leolio, un apprenti médecin à la recherche de la richesse et Kurapika, un autre garçon étrange aux pupilles rouges qui a pour objectif de trouver les affreux qui commercent les yeux de ses ancêtres. Mis à part la difficulté de l’examen et les adversaires incarnés dans tous les candidats présents, il y a Hisoka, lui aussi masculin, déguisé en clown rose fluo qui est particulièrement puissant ET retors.

Durant les 6 saisons qui composent l’anime, on suivra la paire Gon / Kirua à travers toujours plus de défis dangereux et qui leur fera affronter des ennemis toujours plus puissants. On est dans le cadre du shônen et l’anime (inspiré du manga de Yoshihiro Togashi, non lu pour l’instant) ne le cache absolument pas. Mais fort heureusement, la série ne s’arrête pas à cette montée en puissance digne des suites de Dragon Ball.

Les 6 saisons nous racontent:

  • L’examen Hunter (26 épisodes dont 1 “filler”)
  • La Tour Céleste (12 épisodes) qui correspond à l’arrivée du Nen, ce pouvoir quasi-magique dont les Hunters sont en général détenteurs et qui fait leur puissance et leur rapidité
  • La Brigade Fantôme (20 épisodes) avec un arc qui tourne donc autour de Kurapika mais aussi d’une vente aux enchères importante pour l’arc suivant
  • Greed Island (17 épisodes) où les personnages sont intégrés dans un jeu vidéo
  • Les Fourmis Chimères (61 épisodes) où les Hunters vont devoir faire face à une menace vraiment terrifiante
  • Les 12 Zodiaques (12 épsodes): où les Hunters vont devoir voter à une occasion particulière.

Si chaque saison marque à sa manière la série et les personnages, elles illustrent toutes la destinée de Gon (en particulier) à la recherche de son père qui est un personnage peu aimable.
Mais Gon est candide et c’est ce qui va le sauver quasiment à chaque fois: il part du principe que si les choses se passent, c’est qu’il y a une bonne raison et qu’elle est toujours valable. Son père est absent ? C’est parce que le boulot de Hunter est si génial qu’il n’a pas le temps de s’occuper de son fils. Aucun rapport avec sa volonté d’être père ou non … De quoi désarmer n’importe quel adversaire qui va se retrouver devant un jeune garçon à la pensée si particulière mais aussi à la bonne humeur communicative.

Tout comme Gon, Kirua va voir son développement progresser au cours des six saisons avec une importance toute particulière dans la dernière saison. Il est traité à égalité avec Gon, même si ce dernier reste le personnage emblématique de la série.
C’est une paire de personnages qui est en réalité le “héros de l’histoire”. Une amitié qui ne sera jamais réellement mise à rude épreuve mais une amitié qui est très solide dès le départ. À se demander si ces deux-là n’éprouvent pas l’un pour l’autre plus que de l’amitié.

Si Kurapika aura également son moment de gloire (qui manque un peu de finalité dans l’anime malheureusement), c’est Leolio qui est le plus mis de côté durant les six saisons jusqu’à une toute dernière où les auteurs montrent qu’ils ne l’ont pas oubliés pour mon plus grand plaisir. Car Leolio est un ressort humoristique et va pouvoir peser dans la balance du côté positif et agréable en compagnie de Gon. En face, on est plutôt dans la zone sérieuse / dark.

Car si la série est estampillée 16+ sur Netflix, c’est uniquement à cause de la saison des Fourmis Chimères (le reste est classé 13+). En effet, et c’est peut-être là l’un des paradoxes de la série, il s’agit du plus gros morceau de la série, qui devient particulièrement déprimante au fil des épisodes, qui va rappeler les heures les plus sombres de l’Histoire de l’Humanité (y compris pour le Japon mais le message reste universel). Et donc à partir d’ici ça va spoiler gros si vous n’avez pas regardé la série.

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Pour moi, les Fourmis Chimères est probablement l’arc le plus significatif si on veut parler d’œuvre et trouver la patte d’un auteur dans une œuvre qui se veut de divertissement. 61 épisodes, c’est long, très long. D’autant plus que beaucoup d’épisodes ne verront que l’apparition fugace des Hunters. On se concentrera souvent sur les Fourmis en elles-mêmes, sur leur évolution physique mais également mentale jusqu’à celle du Roi Meruem en quête d’identité. À partir d’un certain moment dans la saison, les fourmis cessent d’être des méchants lambdas qui terrorisent des villageois. Sans parler d’identification avec ces personnages, la série nous montre les Hunters comme des chasseurs, des oppresseurs et les arguments renvoyés par les fourmis deviennent de plus en plus compréhensibles à défaut d’être acceptables. Pourquoi les humains auraient le droit de vivre sur Terre plutôt qu’elles ? Est-ce que l’humain ne fait pas exactement ce que font les fourmis quand il livre une guerre (d’autant plus d’actualité en 2024 entre les deux conflits Ukraino-Russe et Palestino-Israëlien) ? Les fourmis chutent mais parce qu’elles ont quelque chose d’humain qui les transforme, que dire donc de la race humaine ? Jusqu’à cette finalité absolument atroce de la bombe nucléaire qui cache en sein un poison éradiquant tout survivant n’ayant pas été rayé de la carte à la chute de la bombe.

À ce titre, HxH n’est pas forcément des plus logiques. On nous montre la bombe qui met du temps à rayer les survivants humains mais le roi va y succomber assez vite alors qu’il semble être surpuissant donc si le poison est un moyen “facile” de contourner une puissance physique et mentale, elle ressemble parfois à un Deus Ex Machina pour un problème qui semble sans solution.

La série va jouer l’ascenseur émotionnel et dès que les héros vont remporter une manche, on nous fait rapidement comprendre que cela ne sert pas à grand chose. Le désespoir ne m’a jamais autant envahi qu’en regardant ces 61 épisodes. Et la voix off qui ralentit le rythme global de l’intrigue (décompressée au possible, 2 ou 3 épisodes représentant 1 minute d’action réelle) n’arrange clairement pas les choses. C’est donc un moment difficile à vivre du point de vue du spectateur mais je pense qu’elle est volontaire et pas simplement dû à un gain de temps, histoire de ne pas rattraper la série papier. Non, là, il faut peser de toutes ses forces aussi bien dans la forme que dans le fond sur le spectateur et l’arc des Fourmis Chimères le réussit formidablement bien.

Ce qui m’a marqué est aussi l’amour que les personnages portent les uns aux autres. L’amour entre deux personnages de sexe différent n’est évoqué qu’entre Gon (13-14 ans) et Pamû (25 ans au mieux). Si l’écart d’âge fait véritablement grincer des dents (mais bon, Pamû fait grincer des dents de toute façon), il est le seul cas d’hétérosexualité. Est-on dans un manga où ce côté intime est mis de côté ou bien est-il mis en scène sous forme d’admiration, de vénération, d’envie ? Car si Hisoka est souvent à deux doigts de l’orgasme, c’est plus souvent parce qu’il souhaite tuer quelqu’un. Il n’est pas question de sexualité mais plutôt de bouffer quelqu’un de plus fort pour se sentir meilleur. A contrario, deux gardes du Roi, Yupi et Pufu, sont littéralement en admiration devant leur roi. Pufu en particulier à travers des insers “petits cœurs” et des gémissements qui sont le plus souvent réservés au sexe. C’est donc un rapport de domination inverse qui s’exerce: il faut nourrir le plus fort et on donne (littéralement) de sa personne.

Est-on donc dans un cadre de sentiment fort mais qui ne passe jamais à l’acte ou simplement est-ce que la question du sexe ne se pose pas ? (comme elle se pose rarement dans un shônen) J’aurais tendance à penser qu’on peut lire HxH sous la forme d’un amour platonique avec une absence de personnages féminins (Pamû est sous forme horrible la plupart du temps avant d’être transformée par les fourmis et Biscuit a une forme très masculine, très “drag queen” si elle ne prend pas sa forme de fillette) mais cela ressort peut-être d’une lecture occidentale.

Le deuxième point central d’Hunter x Hunter est pour moi, le jeu. On le remarque tout d’abord dans le personnage de Gon et on dira plus tard que Jin / Ging est aussi du style à faire des choses simplement parce que ça l’amuse. Le jeu prend toute son ampleur dans Greed Island puisque le lieu de l’action est un jeu à part entière. Et puis dans les Fourmis chimères, c’est le jeu qui va tout changer. C’est le jeu qui va redonner au Roi une partie de sa mémoire, de sa faiblesse humaine également et c’est donc le jeu, l’opposition intellectuelle qui va être l’élément déclencheur de la fin de l’arc.
Le Gun-gi semble montrer une philosophie qui est présente dans toute la série: “L’important, c’est de jouer et de préférence avec ses amis.”

Reste à savoir si le manga continue dans cette voie. Dépassant le cadre d’une série shônen en lui appliquant une philosophie de vie ludique comme un idéal à atteindre, Hunter x Hunter mérite clairement votre attention si ça n’est pas encore vu / lu.

2-3 trucs remarqués en passant:

  • l’odorat de Gon est archi développé. Il s’en servira en début de saison et n’est pas sans rappeler l’odorat de Tanjirô dans Demon Slayer.
  • Yoshihiro Togashi et son équipe ont développé tout un langage écrit pour HxH. On en verra quelques traductions dans les intertitres des premières saisons.