Writever Février 2021
21 janvier 2024Tentative (si tôt dans l’expérience) de créer une histoire à partir des mots-clés. Je me rappelle la frustration de ne pas arriver à avoir quelque chose de fini pour chaque micro-nouvelle et surtout d’être frustré par le fait qu’il ne se passait pas grand chose (surtout en si peu de caractères). Je ne me rappelle plus avoir retenté l’expérience avant décembre dernier (2023) dans une version beaucoup plus satisfaisante. 🙂
À la relecture, ça n’est pas si mal. ^^’ Il y a des trucs clairement inspirés de ce que j’ai écrit plus jeune et ça manque beaucoup de pose de décor (les lois qui régissent le récit …). Je trouve que ça ressemble parfois à ce que Boucq pouvait réaliser pour son héros Jérôme Moucherot.
Ah, si vous passez ici par hasard, le #writever est un exercice développé par l’Université de la Pluralité et Ketty Stewart sur Twitter / X et Mastodon. D’après une liste fournie en début de mois, les participants doivent écrire une micro-nouvelle (280 caractères sur Twitter, 500 sur Masto – voire plus) estampillée SFFF (Science-Fiction / Fantastique / Fantasy). Au final, c’est un terrain de jeu très libre où chacune et chacun peut y mettre ce qu’iel souhaite.
“Il était une fois …”. Raaah, non, ça manquait d’originalité, de peps, d’humour. Il allait leur montrer à tous ces Grimm, Perrault et Andersen comment on écrivait avec style. Il prit son stylo et démarra: “C’est l’histoire d’un mec …”
Le mec, c’est un Aventurier. Du canapé, d’accord. L’intégrale “Plus belle la Vie” ne lui fait pas peur. Mais aujourd’hui, il doit assister à une télé-réalité présentée par Cyril Habouno. Même pour lui, c’est du gros. Il transpire et se prépare mentalement.
Un autre monde : Et là, c’est le drame. La vacuité du programme le met dans une sorte de transe. Il vacille, perd de sa consistance, se dissout dans l’air et passe à travers l’écran.
Face aux ricanements du présentateur, aux analyses politiques du beau gosse qui pense que la Terre est plate, aux dialogues déjà écrits récités par la candidate siliconée, combien de temps allait-il pouvoir survivre ?
5. Mais Marcel (oui, il s’appelle Marcel) n’avait pas traversé l’écran les mains vides. Il avait tout un arsenal scientifique avec lui. Sur son carnet, il écrivit “Cas zéro: …”.
6. (Kevin “Muscle boy”) – Qu’est-ce que c’est ?
(Marcel) – Un trou noir portable. J’ai vu des gens très bien prendre du plaisir à l’étudier des jours durant.
- Un quoi ?
- Un glory hole cosmique.
Il n’en fallait pas plus pour se débarrasser du musculeux.
Ça: Ce fut plus simple pour la poupée Barbie humaine, elle était coulrophobe. Marcel attendit sagement le bon horaire et extirpa Pennywise du film passant sur la chaîne voisine. Votée meilleure scène de douche de l’émission par le public.
Marcel entendit la groupie du présentateur venir de loin et enfila ses protections auditives. En boostant les retours, il mit KO tous les candidats. Ne restait plus que la production habituée à ce genre d’hystéries venant de leur “star”.
Résiste: Habouno avait tout prévu: ricanant bêtement, il créa une armée de clones-candidats avec sa télécommande. Tous commencèrent à déblatérer leurs banalités à base d’injures, de bêtises et de fake news. Heureusement, Marcel avait toujours ses oreilles bouchées.
Antisocial: Ils étaient trop nombreux, il fallait gagner du temps. Marcel sortit son mini-EMP: ça couperait le Wi-Fi et les réseaux pendant suffisamment de temps pour que ses ennemis soient désorientés. D’une pierre deux coups, ça toucherait aussi le porte-monnaie des annonceurs.
Autour de lui, les humains déconnectés avaient l’air pitoyables. Mais Marcel avait un but et aucun état d’âme, il allait les achever. De sa poche, il sortit … un livre.
Mistral gagnant: Marcel commença “C’était un beau jour, comme tous les précédents.” Cette forme de communication sans heurt était comme des bonbons dans les oreilles des candidats réanimés. Et si certains avait les narines talquées, bah, ils partiraient plus loin que les autres.
Nuit de folie: Les candidats s’étaient bien marrés même s’ils n’avaient pas tout compris. Marcel passa en phase 2 avec quelques films à regarder. Ça causait vertiges, fantôme du paradis ou encore grosse boule de poils. Mais quelle nuit allaient-ils passer ?
Oh l’amour: Marcel glissa ensuite des Babelfishs orduriers dans les oreilles des candidats en leur demandant de faire des câlins à ceux qui les agressaient verbalement. Le bilan fut positif: seul un candidat sur les 10 présents finit à l’hôpital.
Fruits de la passion: C’est ainsi que Marcel laissa les candidats sur du Marvin Gaye à vivre des fruits de leur passion. Sans scénario, ce serait peut-être moins vivant pour les spectateurs. D’ailleurs, il fallait aussi s’occuper de ceux-là.
Confidence: “On n’a jamais fait aussi bien, revenez quand vous voulez !”, lui dit la production. Estomaqué, Marcel avait oublié qu’une large partie du public était là pour se moquer des candidats du haut de sa supposée supériorité intellectuelle.
Maldonne: Marcel regarda son téléphone. Ah la vache, c’était une rediff’ ! Il avait 11 jours à tuer avant de pouvoir rentrer chez lui. S’il le faisait plus tôt, il tomberait sur son double.
Bon, il était à Mykonos et il devait rentrer chez lui. Il avait du temps mais pas assez pour concevoir son retour sans faire quelques bêtises. Il commença par dévaliser la déchetterie en quête de pièces détachées pour son téléporteur.
Chagrin d’amour: Peu à peu, il franchit les kilomètres jusqu’à arriver devant chez sa copine. Avec le décalage temporel, il se vit en couple et la regarda. Vu sa posture et son visage, il savait que la rupture serait prochaine.
De la production, Marcel n’était pas revenu les mains vides. Une télécommande pouvant lui permettre de gérer sa vie comme il gérait ses films lui permit de revoir la scène précédente et de comprendre pourquoi sa copine voulait rester toute seule.
Ah ? C’était ça, le sujet de dispute: un bébé ? Même pour un aventurier du canapé, un enfant, ce sont des risques. Et si le petit se retrouvait à l’intérieur d’un dessin animé ? Comment ferait-on pour le récupérer ? Forcément, sa copine ne le comprenait pas.
Je te survivrai: Un bébé, pourquoi pas finalement ? Marcel pourrait lui montrer les ficelles. Peut-être même que l’enfant deviendrait un aventurier du Net, passant de site en site, là où lui ne pouvait traverser que les ondes pré-2000 ? Il lui survivrait encore plus longtemps …
Fuis: Un bruit le fit sursauter. Ah, il l’avait oublié celle-là: la neige cathodique qui reprenait ses droits dès que Marcel stagnait un peu trop. Il lui restait encore 5 jours à fuir avant de pouvoir réintégrer son propre corps.
Marcel se souvient de ses premières expériences contre la neige, comment, petit coup par petit coup, il avançait pour ne pas se faire bouffer. A présent, son déplacement lent et continu lui permettait d’aviser en toute circonstance tout en restant presqu’immobile.
Est-ce que tu viens pour les vacances ? Sur le chemin de la maison, il rencontra des petits vieux et des jeunes défavorisés. A chacun, il donna une formation express d’échappatoire livresque, vidéoludique ou télévisuelle afin qu’ils puissent profiter également d’un peu de vacances.
Il ne restait plus à Marcel qu’à rejoindre son logis. Un coup de RER et c’était bon. La difficulté était de se faire comprendre à travers l’hygiaphone. Marcel avait déjà eu à faire à une machine automatique et il n’avait pas le temps de repartir à l’aventure.
“Hep là, vous, là-bas ! C’est pas un peu fini de se balader dans le temps et l’espace ? Vous rapportez quoi de là-bas ?”
Après inspection des affaires de Marcel et détection au carbone-14, le douanier fut fort déçu de ne pas pouvoir lui coller une contravention.
Marcel attendit que son autre lui se fasse happer par le poste puis il rentra chez lui, appela sa Cendrillon et lui proposa de reprendre la discussion de la parentalité à zéro. Elle accepta et ils entreprirent de nouvelles aventures de canapé.