Red Skin 1-2
7 janvier 2021Scénario: Xavier Dorison
Dessin: Terry Dodson
Début des années 70, la Californie connaît les agissements d’un certain “Charpentier”. Un justicier hors-la-loi dont l’image fait référence à “The Farm”, un film ouvertement anti-communiste et très rigoriste en matière de vie quotidienne. Le Charpentier actuel tue d’ailleurs des acteurs et des réalisateurs de porno, ce qui fait complètement les affaires de Jacky Core, une candidate au Sénat.
Les Soviétiques aimeraient de leur côté que les Américains soient un peu plus souples vis à vis de leurs adversaires de la Guerre Froide puisqu’un accord (le SALT) cherche à être passé entre les deux puissances. Ils décident donc d’infiltrer leur meilleure agent qui incarnera un nouveau super-héros, ou plutôt une nouvelle super-héroïne aux symboles plus rouges. C’est ainsi que Véra Yelnikov devient Alabama Jane. Mais si l’espionne parle anglais, elle ne connaît quasiment rien aux us et coutumes américaines. Et sa couverture est des plus particulières, assistante (secrétaire / chauffeur / femme de ménage) pour Lew Garner, un réalisateur de porno de 70 ans. Cette fonction lui permettra d’asseoir son alter-ego, Red Skin, la justicière à la faucille et au marteau. Mais entre une mission à laquelle elle n’est pas préparée, une situation personnelle compliquée et des patrons qui semblent lui cacher des choses, Véra réussira-t-elle à garder toute sa tête ?
Red Skin est donc une des aventures franco-américaine comme il en paraît de temps en temps. Xavier Dorison (Le Troisième Testament, Sanctuaire, Undertaker …) va y aller franco dans le fan-service mais toujours en jouant des allusions laissant au lecteur le soin de créer les scènes les plus croustillantes de l’histoire. A ce titre, la couverture du tome 1 est une fausse promesse car on ne verra jamais l’héroïne dans son plus simple appareil malgré un appétit sexuel de fort belle taille mais rarement rassasié (à tel point que cela tourne au running-gag). La caricature des États-Unis n’y va pas avec le dos de la cuillère dans un univers où le puritanisme encourage les meurtres de personnes innocentes (comme quoi, les choses n’ont pas beaucoup changé en ce janvier 2021).
Mais les Soviétiques ne sont pas plus roses pour autant et il n’y a bien que Véra qui applique les règles du communisme dans ce qu’il a de plus positif (partage des richesses, voire vie communautaire dans son aspect le plus large – et finalement très peu répandu dans la réalité). Le décalage entre l’héroïne mal préparée et sa mission (à tel point qu’on se demande si ses capacités physiques étaient suffisantes pour en faire une agent capable de mener sa mission à bien) fournit l’occasion de quelques gags bien mis en scène avec quelques piques lancées au monde du comic-book super-héroïque en lui-même, piques qui sont toujours d’actualité (beaucoup de violence mais pas l’once d’un téton chez Superman, Batman, les X-Men, …).
Quant au reste de l’histoire, j’aimerais vous dire qu’elle est bien ficelée mais le troisième volume censé clore l’intrigue prend un malin plaisir à se faire attendre, à tel point qu’on peut se demander s’il y aura réellement une suite.
La première raison de mon achat est bien entendu la présence de Terry Dodson aux dessins. L’Américain a énormément bossé pour Marvel que ce soit pour des séries régulières ou bien des couvertures toujours très accrocheuses. Alors on pourra toujours reprocher au dessinateur de créer une de ses héroïnes dont il a le secret, à tel point qu’elles pourraient être interchangeables, qu’il ne faudrait que leur changer la coiffure pour qu’elle apparaisse sous un autre nom dans une autre série. Véra a en effet tout de l’héroïne Dodsonnienne et à la limite, on peut se demander ce qu’elle a de russe (quoique l’URSS étant tellement large, on peut y trouver toute sorte de personnes).
Pour le reste du casting, c’est de la bonne pioche, chacun recevant une allure et une personnalité plus unique que l’héroïne. Les expressions fournies par Dodson sont bien vues et le vieux réal’ de porno, ronchon de premier ordre, aura l’occasion de se muscler le faciès.
La mise en page, quant à elle, sait ménager les effets; l’humour fonctionne lors de la plupart des scènes (notamment grâce au hors-champ souligné par le scénario); l’action va à cent à l’heure et le dessinateur réussit à retranscrire les intentions de Red Skin de façon efficace (suivant qu’elle mette en place une violence exacerbée ou non). Quant aux scènes plus ténébreuses, j’avoue que j’ai été moins convaincu mais certaines scènes entre Core et le Charpentier sont tout de même assez fortes.
Premier article pour sgtpepere.com et série incomplète, j’ai envoyé une bouteille à la mer pour savoir si tome 3 il y aura, je mettrai donc cet article à jour quand j’obtiendrai l’information. En attendant, voilà deux albums sympathiques à lire et très légers, même s’ils parlent de sujets qui fâchent encore de nos jours.
Avec Terry Dodson à bord, cela ne peut qu’être au moins un plaisir pour les yeux.
P.S. Vous pouvez voir les couvertures américaines ici: https://www.mycomicshop.com/search?TID=27225824
C’est à se demander si notre couverture du tome 1 était bel et bien destinée à être aussi dénudée.
Très bien ce premier article Mathieu. J’avais Red Skin en vue depuis plusieurs mois déjà. Ça peut être un bon moment distrayant au regard du ton de ‘article.
Merci, Phyl ! 🙂
Oui, c’est un titre très distrayant dont il ne faut pas trop attendre. Mais, à ta place, j’attendrais de voir si un tome 3 paraît finalement. Pour Songes, ils avaient même publié un coffret et une intégrale par la suite.