Evangelion

26 août 2021 0 Par sgtpepere


En 2000, une créature appelée Ange arrive sur Terre et explose, ravageant une bonne partie de la planète. 15 ans après ce « Second Impact », les Anges réapparaissent.

La NERV, organisation chapeautée par l’ONU, est chargée d’affronter les anges mais manquent cruellement de pilotes. Et voilà pourquoi Gendô Ikari, directeur chargé du projet Eva, demande à faire venir son fils. Un Shinji qui va se retrouver à bord d’un mecha géant à devoir affronter une créature cauchemardesque sans avoir même été entrainé à la chose. Pourtant Shinji manifeste des facultés intéressantes pendant ce premier combat. La question étant : est-ce bien lui qui l’a remporté ?

Shinji aura fort à faire : non seulement, il cherche à reprendre contact avec son père qui fait tout pour l’écarter mais on va lui demander d’agir comme un soldat alors qu’il est tout sauf belliqueux. Autour de lui navigueront plusieurs femmes ou jeunes filles : le major Misato Katsuragi, une jeune femme aux changements de caractère soudains et entiers, qui sera aussi celle qui l’hébergera ; Asuka Langley, la deuxième pilote d’Eva, petite rousse à l’âme compétitrice qui est, elle, entraînée à piloter les Evas et qui compte bien faire savoir qu’elle est la meilleure ; et enfin, Rei Ayanami, effacée, solitaire (jusqu’à vivre seule dans un appartement sombre dont on sent qu’elle ne s’occupe pas).

Premier contact avec l’EVA-01

Ces trois enfants vont donc devoir avec leurs handicaps émotionnels propres affronter des créatures mythologiques qui tiennent parfois de l’extra-terrestre et dont le seul but semble être d’attaquer le QG de la NERV. Alors que dans leur dos, se trament des machinations et des complots qui dépassent de très loin les compétences internationales des pays dirigeant la NERV.

Evangelion est un phénomène de l’animation japonaise. Essentiellement parce qu’il jongle avec des concepts comme la religion, la philosophie, le série d’action codifié (le Japon est tout de même le pays du mecha) et un montage des plus étonnants (le cinéma japonais avec ses longues pauses et les introspections de personnage ne sont jamais loin).

Il y aura beaucoup de fan-service disséminé dans la série et souvent grâce aux personnages féminins. Une des rares exceptions est effectivement Shinji qui va se retrouver régulièrement tout nu.

Hideaki Annô, son réalisateur, passera par des scènes très abstraites où l’utilisation du symbole sera des plus fortes mais aussi des moins compréhensibles. À titre personnel, j’ai eu la chance de voir les deux premiers épisodes lors d’une diffusion avec traduction simultanée au festival de l’Epita et ces deux épisodes ont été une véritable baffe qui demeure assez intacte à ce jour.

Une fois les 24 épisodes digérés, la série a connu une vive réaction de la part des spectateurs japonais. Suffisamment pour pousser toute l’équipe de production à prolonger la série. Tout d’abord par le biais de deux films : Death and Rebirth puis The End of Evangeliion.

Ces deux films (légèrement remaniés) sont disponibles à l’heure où j’écris ces lignes sur Netflix tout comme la série. (À noter que la révision de Death & Rebirth se nomme Death² (True).)

L’équipe des films font les petits malins en mélangeant l’histoire du Studio GAINAX avec celle d’Evangelion. Ici, Misato est censée découvrir les Manuscrits de la Mer Morte.

En 2007, donc 10 ans après The End of Evangelion, la série connaît un lifting assez profond par le biais de 4 films. Hideaki Annô est toujours de la partie mais avec son propre studio, Khara, et plus Gainax comme à son origine.

Les Anges gagnent clairement en mouvement et donc en menace. Les effets lumineux sont parfois un peu grandiloquents et l’amalgame 2D/3D pas naturel. C’est moins le cas pour les Evas qui s’intègrent beaucoup mieux dans le décor. L’image gagne bien entendu en format et en clarté.

J’ai aussi apprécié le poids de toutes les attaques sur le monde civil. On sent un peu plus ce que toute cette destruction cause chez le pékin lambda. Les armes des Evas sont bien plus lourdes et causent pas mal de dégâts quand les pilotes les lâchent sans y faire attention.

La comparaison entre la série (à gauche) et les films 10 ans plus tard (à droite) sans compter l’animation des Anges bien plus développée.

Si le premier film 1.0 : You Are Not Alone reprend les premiers épisodes de la série assez fidèlement, les trois autres films développent ce qui se passe après la fin de la série telle qu’on la connaît en changeant vraiment beaucoup de concepts, en en clarifiant certains et en en apportant d’autres qui seront tout aussi obscurs.

C’est certainement ce que l’on peut reprocher aux derniers films : pourquoi avoir voulu en faire plus sans le faire mieux ? Pourquoi avoir cherché à allonger la sauce tout en n’étant capable ni d’expliquer ce qui se passe, ni de réaliser un film qui accompagne le spectateur plutôt que de le perdre ? Avec des trous de scénarios assez copieux si on cherche à comprendre la logique de l’univers et les ambitions de chaque personnage (jusqu’à leurs allégeances changeantes), il est très compliqué d’arriver à y voir clair.

À mon humble avis, comme toute œuvre complexe, le visionnage de la série avant celui des films de 2007 me semble nécessaire pour bien comprendre d’où on part. Alors oui, l’image 4/3, la qualité des images, voire même de l’animation peut piquer un peu les yeux surtout quand on y revient après les films. Mais cela reste à mon humble avis fort utile et demeure une expérience très riche. Ensuite, à force de visionnages et d’interprétations personnelles, peut-être arriverez-vous à saisir le message de toute cette saga : accepter le monde tel qu’il est et la place qu’on a dedans même si c’est douloureux. Ah oui, parlez quand vous avez un souci, ça peut toujours faire avancer les choses.

P.S. En écrivant cet article, à la recherche de définitions ou d’appellations de personnages, il m’est arrivé de tomber à de nombreuses reprises sur le wiki Evangelion (https://evangelion.fandom.com/fr/wiki/Wiki_Evangelion) En lisant quelques articles, je me dis qu’il y a beaucoup d’informations à côté desquelles je suis passé. Est-ce à cause d’une traduction des films trop ramassée ? Est-ce parce qu’il y a une dimension cross-media dans l’univers d’Evangelion (manga, jeux vidéo) et que tout n’est donc pas inclus dans les dessins animés ? Excellente question ! Par exemple, le manga ayant une réputation assez moyenne, je ne l’ai pas lu alors que le personnage de Mari semble pourtant présent dans la série papier.

À partir de là, spoilers à gogo, vous voilà prévenus.

La série télévisée – 2- épisodes (Disponible sur Netflix.)

La série est connue pour être compliquée à comprendre surtout dans son final qui n’explique malheureusement rien de l’intrigue pour se concentrer sur le personnage de Shinji (« Il reste trop peu de temps ! », indique le dernier épisode dans un de ses encarts.)

A la fin de mon premier visionnage (donc autour des années 2000, le temps que les films soient disponibles sur le marché français), j’avais compris le Plan de Complémentarité de l’Homme comme une obsession de Gendô pour son fils : comment va-t-il faire de lui un homme ?

Ses méthodes sont pour le moins brutales (une version hardcore de « Tu seras un homme, mon fils. ») mais relativement logiques pour arriver à ses fins. Si son fils avait été un modèle de sociabilité, il n’y aurait eu aucun effort à faire et visiblement, le plan de Gendô passe par une série d’étapes inéluctables (les manuscrits de la Mer Morte). En mettant entre les mains de Shinji le sort de l’humanité (et donc de son univers), le garçon comprend enfin sa valeur. C’est mettre son fils face à un choix ultime et traumatisant. Il joue beaucoup le sort de l’humanité à pile ou face dans cette optique.

Ce final est relativement optimiste dans le sens où tous les personnages félicitent Shinji (et très probablement le spectateur) pour être arrivé au bout de son cheminement personnel et au bout de la série (sans sarcasme). Alors que chaque personnage a une souffrance intérieure profonde et irrésolue, Shinji a de la chance. Il faut dire qu’il a l’a bien mérité, sachant qu’on ne l’a pas beaucoup aidé.
Seul souci : on n’a pas vraiment la fin de l’histoire. Certes le plan de la SEELE a échoué mais celui de Gendô ?

Death² (True) : (Disponible sur Netflix.)

Résumant grosso modo les 24 premiers épisodes de la série, ce film apporte quelques informations sur l’origine des Evas. Notamment le rôle de la mère de Ritsuko dans le projet.

The End of Evangelion : (Disponible sur Netflix.)

Il possède l’appellation d’épisodes 25 « Air » et 26 « Je t’offre ma dévotion ». Il explique la réaction de la SEELE suite à la décision prise par Shinji. Les forces armées de la SEELE envahissent la NERV et éliminent tout le monde (d’où l’image inexpliquée du cadavre de Misato dans les derniers épisodes de la série) mise à part le cœur du QG comprenant les 3 scientifiques, Fuyutsuki, Ikari et Akagi.

De leur côté, Asuka (puis Shinji d’abord prostré puis motivé par l’Eva-01 elle-même en mode activation berserk) vont se battre contre les Evas de série de la SEELE. Mais celles-ci capturent l’Eva-01, la crucifie grâce à la lance de Longinus et créé un arbre de vie. Cela redonne forme à la Lune Noire, l’œuf dans lequel réside Lilith.

Gendô agit donc en rapport et insère l’embryon d’Adam dans le ventre de Rei. Mais celle-ci a son propre plan, rejoint Lilith dans le but de sauver Shinji. La fusion de Rei et Shinji (via Lilith, la lance et l’Eva-01) donne à Shinji la possibilité de recréer le monde tel qu’il le souhaite.

Et c’est là que le film part en sucette avec une représentation de la réalité, du rapport entre l’anime et la prise de vue réelle (via l’intervention de projecteurs – comme au théâtre).

Non, non, mon ordi n’a pas rendu l’âme: l’image est réellement bien granuleuse pendant cette séquence.

Shinji fait face à une multitude refus, puis à une dernière phrase assassine d’Asuka. Après un moment d’extase et de terreur où tout le monde ne fait plus qu’un, Shinji décide qu’il préfère un monde où chacun a sa propre personnalité.

Ceci étant le film a une fin des plus pessimistes car après avoir été détruit aussi bien psychologiquement que physiquement, les paroles de Shinji laissent penser qu’il a évolué. Pourtant, on le retrouve aussi psychopathe qu’au début du film (entre la masturbation devant une Asuka dans le coma et son étranglement, c’est quand même assez ignoble) et la réponse d’Asuka est bien entendu à l’avenant.

Reste qu’on ne sait pas vraiment s’ils sont les deux seuls survivants car rien ne le montre dans le film si ce n’est qu’on peut penser que les âmes ont réintégré leurs corps. Faut-il voir dans l’étranglement d’Asuka le fait que Shinji regrette une injustice, Rei ayant disparu ? Faut-il y voir une volonté sincère de détruire toute forme de vie ? Il aurait du coup, changé son fusil d’épaule sans qu’on nous le fasse comprendre. En tout cas, avec ce One More Final, on est dans une dimension très nihiliste.

Asuka, cette formidable psychologue …


On obtient aussi une précision par rapport à la mère de Shinji : son plan à elle était de créer une preuve de l’existence de l’humanité par-delà l’extinction du Soleil.

The Rebuild of Evangelion (Disponible sur Amazon Prime.)

Il s’agit donc des films 1.0, 2.0, 3.0 disponibles sur Amazon Prime (sous la forme 1.11, 2.22, 3.33 ainsi qu’un quatrième film 3.0 et 1.0).

Ces films vont globalement changer la donne par rapport à la série. Notamment parce que l’histoire va bien plus loin chronologiquement parlant, que certains événements auront lieu de façon différente. Si la finalité est assez équivalente à celle de la série (pas à celle des films Death & The End) le cheminement diffère.

Le premier film est assez fidèle à la série, mis à part la scène où Misato présente Lilith à Shinji (elle est donc au courant de son existence et il n’y a pas de confusion entre Adam et Lilith). Les affrontements entre Anges et Evas ne changent pas beaucoup, si ce n’est au niveau de la technique d’animation, la 3D ayant pris pas mal de place.

À noter qu’à la fin du premier film, on sait que Kaworu travaille avec la SEELE et on peut supposer que c’est elle qui lance les attaques d’Anges depuis la Lune sur laquelle repose également Adam. 

C’est à partir du second film que les choses changent réellement. Asuka est réellement différente, le troisième impact a lieu à la fin du deuxième film et la suite nous montrera que Gendô a un plan qui amène tout ce petit monde beaucoup plus loin que dans la série. On parle de Quatrième Impact, voire d’Impact Final.

Le dernier film renouera avec la fin de The End of Evangelion en reprenant le concept de réalité et d’imagination (ou de monde fictif). Si Shinji va récréer le monde qu’il souhaite, il le fait cette fois-ci par le biais de deux grands événements. Il y a tout d’abord la confrontation avec son père. Un développement scénaristique relativement conventionnelle où on retrouve le « héros » et le « méchant » qui se battent. Cela laissera l’occasion à Gendô d’expliquer ce qu’il a sur le cœur. Là où il le faisait en pleine introspection dans The End, il en parle directement à Shinji dans 3.0. Il y a également la lance de l’espoir, dirigée par la volonté de Misato. J’ai trouvé dommage que tout l’équipage du WILLE n’y reste pas, ça m’aurait parlé davantage concernant l’espoir que l’humanité pouvait mettre dans la lance.

Oui, ça fait bien partie du film, pas de l’artbook.

Après un passage de confusion entre le monde fictif et le monde réel (on retrouve l’image des décors de films et des projecteurs, puis l’utilisation très maline d’une déclinaison du film d’animation en rough puis en storyboard), Shinji va décider de recréer un monde sans Eva où chacun pourra vivre sa vie tranquillement. On verra quelques personnages dans monde réel (Asuka, Kaworu et Rei) mais pas plus. Ce sera étonnamment Mari qui sera la copine de Shinji. Une fin très optimiste donc également pour ce final.

Oh Gérard, t’as encore laissé l’escabeau dans le champ !
Shinji qui prend une décision ! Un nouveau départ !